Oscar et la dame rose

J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau: on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n’était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Moi qui ai cent ans, je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N’importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou à vingt ans, mais à cent, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence. 

C’est la première fois depuis très longtemps que je lis un livre qui me tient en haleine tout le long, à ne plus pouvoir le lâcher, et qui réussit même à me voler quelques larmes (merci Eric !).
Du haut de ses 10ans, Oscar découvre le pouvoir de Dieu qui n’était jusque là qu’un mythe à ses yeux, en lui écrivant chaque jour une lettre, comme le lui a recommandé sa fidèle alliée Mamie rose, et en lui demandant chaque jour une faveur.
Ce court ouvrage d’Eric Emmanuel Schmitt est un recueil des lettres quotidiennes du petit malade, 12 jours avant sa mort, doté d’une maturité et d’un courage inébranlables.
Ni son cancer au stade final, ni les visites hebdomadaires et froides de ses parents ne le font désespérer, bien au contraire, tout cela l’encourage d’avantage à vivre toute sa vie en douze courts jours, et à passer par toutes les périodes qu’un être humain en bonne santé traverse en temps normal, sans en louper aucune, et en en dévorant chaque petite miette, le tout sous le regard protecteur et admirateur de Mamie rose.
Entre enfance, adolescence, coup de foudre, chagrin d’amour, âge adulte et problèmes de santé, le petit Oscar ne m’a pas laissée de marbre. Cette histoire condensée en moins de 100 pages a fait de moi la fille la plus émotive de la bibliothèque ce matin là, et pour cause : Eric Emmanuel Schmitt a l’air d’avoir été habité par son personnage; toutes les lettres écrites transmettaient une émotion, une fragilité et une force,une sincérité et une maturité sans faille -j’aurais juré que chaque mot était vraiment écrit par un enfant dans cette situation- !
Aucun reproche pour ce petit chef-d’oeuvre, si ce n’est que c’était un peu trop court à mon goût (j’avais encore quelques larmes en réserves !)

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