Le top 4 des meilleurs débuts de romans.

Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué comment les gens choisissent leurs livres dans une bibliothèque ou dans une librairie, mais ils ouvrent tous le roman à la première page et en lisent les premières lignes. Et ils ont bien raison. Les premières ligne en disent souvent long sur la suite de l’histoire. Ici, nous vous avons concocté les plus beaux incipits que nous ayons lus jusque là, alors mesdames et messieurs, tenez-vous près à être touchés et surtout, abasourdis par l’originalité des idées de ces écrivains.
1-En première position, nous trouvons Eric-Emmanuel SCHMITT avec un début de roman qui m’a personnellement laissée sans voix, et qui a même réussi à me voler quelques larmes, au bout de la première page seulement !

“Cher Dieu,

Je m’appelle OSCAR, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps.

Je te préviens tout de suite : j’ai horreur d’écrire. Faut vraiment que je sois obligé. Parce qu’écrire c’est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c’est rien qu’un mensonge qui enjolive. Un truc d’adultes.

La preuve ? Tiens, prends le début de ma lettre : « Je m’appelle OSCAR, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps », j’aurai pu aussi bien mettre : « On m’appelle Crâne d’œuf, j’ai l’air d’avoir sept ans, je vis à l’hôpital à cause de mon cancer et je ne t’ai jamais adressé la parole parce que je crois même pas que tu existes.

Seulement, si j’écris ça, ça la fout mal, tu vas moins t’intéresser à moi. Or, j’ai besoin que tu t’intéresses.

Ça m’arrangerait même que tu aies le temps de me rendre deux ou trois services…..

Moi, je ne fais plus plaisir. Quand le docteur Düsseldorf m’examine, le matin, le cœur n’y est plus, je le déçois. Il me regarde sans rien dire comme si j’avais fait une erreur. Pourtant, je me suis appliqué, moi, à l’opération ; j’ai été sage, je me suis laissé endormir, j’ai eu mal sans crier, j’ai pris tous les médicaments. Certains jours, j’ai envie de lui gueuler dessus, de lui dire que c’est peut être lui, le docteur Düsseldorf, avec ses sourcils noirs, qui l’a ratée, l’opération. Mais il a l’air tellement malheureux que les insultes me restent dans la gorge. Plus le docteur Düsseldorf se tait avec son œil désolé, plus je me sens coupable. J’ai compris que je suis devenu un mauvais malade, un malade qui empêche de croire que la médecine, c’est formidable… La pensée d’un médecin…c’est contagieux…..

Voilà, alors Dieu, à l’occasion de cette première lettre, je t’ai montré un peu le genre de vie que j’avais ici, à l’hôpital, où on me regarde maintenant comme un obstacle à la médecine, et j’aimerais te demander un éclaircissement : est-ce que je vais guérir ? Tu réponds oui ou non. C’est pas bien compliqué. Oui ou non. Tu barres la mention inutile.

A demain, bisous,

Oscar.

PS : Je n’ai pas ton adresse : comment je fais ?”

Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt. (2002) 2-En deuxième position, Albert Camus débute son roman d’une manière tout autant touchante, oui, je suis une très grande sentimentale, qu’est-ce que j’y peux ?

“Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement de-main. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.”

L’Etranger, Albert Camus. (1942) 3-En troisième position, Léon Tolstoi nous vient avec avec une pensée très profonde, très réaliste.

“Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.”

Anna Karénine, Léon Tolstoi. (1877) 4-En quatrième et dernière position, nous trouvons Vladimir Nabokov avec une description poétique de Lolita, j’avoue avoir une préférence pour la version originale (en anglais), mais voici la traduction la plus proche.

“Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c’était toujours Lolita.”

Lolita, Vladimir Nabokov. (1959)


Et vous, quel est votre incipit préféré?

Follow:

Leave a comment

  1. Poisson
    18 February 2015 / 14 h 07 min

    Excellemment bien écrit! Votre article donne envie de lire tous ces livres. J’espère en lire d’autres!
    Bonne continuation!! 👍👌

    • 18 February 2015 / 15 h 14 min

      Merci petit poisson. Nous avons plein de surprises pour vous 🙂 !
      Bisous.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *