Pendant que tout le monde compare son évolution physique à travers le #10yearschallenge, j’ai voulu participer à ce challenge différemment : en comparant celle que j’étais intérieurement il y a 10 ans de cela à celle que je suis aujourd’hui. Et quoi de mieux que de commencer cette nouvelle rubrique bien-être en vous parlant de l’une des pires expériences de ma vie : la dépression, cette maladie dont j’ai souffert, et que j’ai vaincue. Avant de commencer, je tiens à préciser que ma seule et unique volonté suite à cette série d’articles dépression est d’aider ceux qui passent par la même chose, afin d’avoir des conseils, et surtout, de se sentir moins seuls.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu l’impression d’être différente, d’avoir cet espèce de (gros) décalage avec les enfants de mon âge. J’étais distante, peu sociable, pour ne pas dire sur la réserve. J’ai développé des passe-temps solitaires, je me souviens que j’aimais m’enfermer dans ma chambre, et jouer à la maitresse avec des élèves imaginaires. Je sais ce que vous êtes sans doute en train de penser, non, je n’étais pas malheureuse. A ce moment, il y avait des ‘’problèmes de grands’’ autour de moi. Des problèmes que je ne comprenais pas sur le coup, mais que mon subconscient a pris le temps de mémoriser. A part ces soucis qui ne me ‘’regardaient’’ pas directement, j’avais une enfance heureuse, des parents qui m’aimaient, des grandes soeurs aussi, tout allait bien.
Les années sont passées, mon caractère solitaire, lui, pas du tout. Il a d’ailleurs été mon ami le plus fidèle, il a su m’accompagner durant plusieurs années, chose que plusieurs personnes de mon entourage n’ont pas fait. Ma différence a certainement été ressentie par ceux qui étaient autour de moi. Alors certes, je me suis faite des ami(e)s au fil du temps, et heureusement, mais je me suis aussi faite, sans m’en rendre compte, des ennemis.
Au collège, j’ai commencé à avoir des soucis avec un camarade de classe. Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne me souviens plus de comment ça a commencé. Mais je me souviens juste que ça m’a blessée. La jeune adolescente que je commençais à devenir, qui avait du mal à prendre la parole en classe, qui détestait les problèmes ne comprenait pas pourquoi ni comment un garçon de son âge commencerait à la détester, à lui rigoler au nez, à se moquer d’elle, en classe, et même ailleurs. Même ailleurs parce que je me souviens que c’était mes ‘’débuts’’ sur Facebook, et que ce garçon avait eu la merveilleuse idée de continuer son activité favorite sur ce réseau lorsque je n’étais pas devant lui : me ridiculiser, m’insulter, me menacer.
A ce moment, je n’arrivais pas du tout à mettre un mot sur ce qui m’arrivait, mais je savais que je n’aimais pas ça, et que ça me faisait beaucoup de mal. J’ai eu un bon réflexe, en parler à ma maman. La suite de l’histoire, ou du début de l’histoire, a été plutôt positive. Ma maman s’est présentée à l’école afin d’en parler à la directrice, qui, elle, a convoqué ce garçon, qui, lui, a décidé de me laisser tranquille.
L’année scolaire finît, et une autre commençait. Je m’en souviens comme si c’était hier : c’était le brevet, j’étais tellement excitée à l’idée de commencer cette nouvelle année parce que ma classe se trouvait dans le local ou étaient toutes les classes du lycée. En fait, c’est tout bête, mais je suis le genre de personne qui déteste un endroit où elle a de mauvais souvenirs. Le fait de changer de bâtiment me donnait l’impression de commencer une nouvelle page. Ce que j’ignorais, à ce moment, c’est que la page que j’étais sur le point de commencer était bien pire que la précédente.
Dès les premières semaines, j’ai fait la connaissance de nouveaux camarades de classe et j’étais tellement contente de faire de nouvelles connaissances !!! La petite fille de 13 ans et demi, super réservée que j’étais avait l’impression de briser ce dôme transparent de timidité qui l’enveloppait constamment.
Ce qui s’en suivit fût simple et à la fois complexe, une de mes meilleures amies de l’époque était aussi amie avec ces personnes que je commençais à connaitre. Tous, on eut un gros malentendu, et je me suis retrouvée, au bout de quelques jours, seule contre tous. Sachant que tous = plus de 6 personnes. Autant vous dire que 6 personnes, filles mais aussi garçon, contre l’enfant que j’étais, faible, naïve, c’était un peu comme un enfant dans une maison remplie de zombies.
Je vais vous épargner les détails, je ne vous dirai pas que j’ai pleuré tous les soirs en cachette dans mon lit. Je ne vous dirai pas non plus combien de fois j’ai menti à mes parents en disant que je n’avais pas cours pour éviter de les voir. Je ne vous dirai pas combien de fois j’ai supplié ma mère de ne pas aller en cours, en prétendant avoir des douleurs de règles, ou détester la matière en question.
Ces personnes en questions -j’avoue ne pas trop savoir comment les appeler-, n’y sont pas allées de main morte. Je me souviens que plus ils m’insultaient, plus ils me ridiculisaient, plus ils me sentaient au bout, plus ils riaient, plus ils savouraient, plus ils continuaient. J’avais l’impression de ne jamais m’en sortir, les menaces étaient, cette fois-ci, plus réelles, plus fortes, je me souviens qu’une fois, l’une d’entre elles m’attendait à la sortie de l’école pour me ‘’défoncer’’, quelqu’un s’est interposé entre elle et moi, afin que ça ne dégénère pas.
Si je continuais à raconter tous les détails, toutes les atrocités, cet article sera bien plus long qu’il ne l’est déjà. Je vais donc me contenter de vous dire combien c’est dur pour un enfant de ressentir ces choses-là. Et le plus dur dans l’histoire, a été de voir que l’une d’entre ces personnes qui m’avaient tant blessée était mon ex-meilleure amie. J’ai toujours tout donné en amitié, et elle a été une grosse déception à laquelle je pense encore des fois, aujourd’hui.
Ce qui s’en suit ne fut pas drôle, j’ai commencé à développer des traits de caractère que je détestais, et que je déteste encore maintenant. Ma confiance en moi a chuté, déjà qu’elle n’était pas énorme. J’avais besoin d’avoir toute l’attention de mes proches sur moi. J’étais devenue ultra sensible, ultra susceptible, ultra peureuse, et toujours triste. Mais ce n’était pas le pire, parce que j’ai aussi commencé à avoir des problèmes de santé, avoir le souffle coupé à ne plus pouvoir respirer, puis à en perdre conscience. Je me suis retrouvée à passer des nuits aux urgences, parce que je pensais que j’allais en perdre la vie, et que mes parents paniquaient et ne savaient pas quoi faire.
Je me suis également retrouvée dans un cercle presqu’interminable de médecins à consulter parce que personne ne savait ce que c’était. Radios de poumons, de coeurs, analyses de sang à ne pas en finir, tests d’épilepsie, et j’en passe… Jusqu’au jour où on m’a conseillée d’aller consulter un psychologue. Quelques séances après, aucune amélioration. On a donc décidé de m’emmener, cette fois-ci, chez un psychiatre. Un mot était enfin posé sur la situation : c’était une dépression, et mes problèmes de santé étaient des crises d’angoisse.
Je me souviens encore de mes premières visites chez la psy…je ne disais rien, je ne prononçais pas un mot…je n’y arrivais pas. Alors, elle me donnait de plus en plus de médicaments, de somnifères, d’antidépresseurs…je dormais plus que je ne vivais.
Puis j’ai décidé de commencer à parler pour me débarrasser de ces médicaments qui me rendaient littéralement une morte-vivante. Je ne crache pas dessus, parce que je sais que ces médicaments m’ont permis de m’en sortir, mais c’était atroce de se sentir faible constamment, de dormir 15h par nuit et de me réveiller morte de sommeil…
Au bout de quelque temps, j’ai compris que pour aller mieux, il fallait que JE fasse le travail. Bien-sûr, la psy était là pour m’accompagner, me guider, et les médicaments pour m’aider à gérer mes crises. Une longue bataille a alors commencé, une bataille que j’ai heureusement gagnée. Dans mon prochain article, je vous dirai tout ce que j’ai mis en place afin d’aller mieux, et d’enfin me sentir bien et heureuse.
10 ans après, je réalise plus que jamais combien cette épreuve a été difficile à surmonter. Aujourd’hui, il m’arrive encore de repenser à cette période, mais je sais qu’elle est maintenant loin derrière moi.
En attendant de lire mon prochain article, n’hésitez pas à partager votre expérience avec la dépression, le harcèlement scolaire ou même au travail.
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